Rupture. On ne pouvait rêver appellation plus appropriée pour marquer le changement qui s’opère depuis quelques mois dans la librairie de la maison du Fada. Si le cap est sensiblement différent, les changements se font en douceur, dans le plus grand respect du travail accompli pendant ces deux décennies, Alexandre Sap y tient : « Nous restons tournés vers l’architecture du XXe siècle et Le Corbusier, mais nous voulons créer des connexions avec d’autres domaines, d’autres publics, et par exemple mettre en lumière des architectes et artistes encore en vie, locaux ou non : le sculpteur aixois Jean Amado, l’architecte argentin Marcelo Joulia… Pour porter ce projet, je voulais tout, sauf un libraire traditionnel. » L’heureux élu se nomme Philippe Munda. Photographe, éditeur, féru d’art, il porte sur ce lieu hors-norme un regard neuf et imagine pour lui un bel avenir. Hybridation de genres, croisements de philosophies et d’esthétiques, mise en relation, découvertes… Rupture & Imbernon est bien plus qu’une librairie et une maison d’édition, c’est un lieu de rencontres, mais aussi un écrin pour de très belles expositions. « Nous sommes des passeurs, nous voulons que cette petite alcôve presque secrète devienne un lieu de transmission de la culture, un creuset de mixité et de brassage d’idées. » confie le créateur de Rupture Arts & Books dans le Marais à Paris, qui voit dans son installation à Marseille le début d’une belle histoire : « Cette ville a sur moi une grande influence : j’ai décidé d’ouvrir une librairie Rupture Arts & Books dans chaque port de Méditerranée : Venise sera la prochaine, Athènes suivra et nous venons de reprendre la prestigieuse librairie des Colonnes à Tanger. Dans chacune de ces villes, je veux me fondre dans le décor, travailler avec les artistes, représenter leur travail et surtout, surprendre les visiteurs. » Si Rupture & Imbernon entend bien rester une référence en matière d’architecture des XXe et XXIe siècles, Alexandre souhaite étoffer l’offre. « La rupture, c’est de décloisonner et de reconnecter les champs culturels avec une porosité entre design, architecture, dessin d’art, livres et musique. Nous voulons créer un beau lieu de culture qui soit aussi un lieu de vie et de nouvelles découvertes. » La rénovation de l’espace, réalisée en dialogue avec l’œuvre de Le Corbusier par l’architecte d’intérieur Pierre Gonalons, va dans ce sens. Pour une passation en douceur, Alexandre sait qu’il peut compter sur l’accompagnement inestimable de Katia, qui continuera à développer les éditions Imbernon – et le soutien de celle qui l’épaulait depuis 2017, Roselyne Paviot, la plus précieuse des alliées. « J’arrive après vingt ans de travail d’excellence, je me sens très humble et très motivé par rapport à cet extraordinaire héritage. »

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