Que représente la cité radieuse pour vous ?

Je suis issu d’une famille d’ouvriers sans grande culture à part celle – immense – de l’amour et de la générosité. Je cherche encore aujourd’hui à savoir comment se sont développés cette créativité, ce goût pour le design. La Cité radieuse porte une part de la réponse. Pendant toute mon enfance, je l’ai regardée depuis le balcon du HLM de mes grands-parents. Cette façade rectangulaire multicolore a façonné mon travail, elle est à l’origine de mon lien à l’architecture et à l’art.


L’une des « cellules » de la Cité radieuse vient compléter la collection Jogging, quelle est l’idée ?

Je surveillais les annonces de vente parce que je rêvais depuis longtemps d’une résidence à la Cité radieuse, comme un hommage à mon enfance. J’ai trouvé il y a quelques mois cette cellule de 35 m2 de la série LC449. Le vendeur était le fils du premier régisseur de l’immeuble. La salle de bains et la cuisine étaient restées intactes. L’appartement donne sur le boulevard Michelet et sur Le Trioulet, ce « grand ensemble » où j’ai passé mon enfance. Le côté mer n’aurait eu aucun sens : ce qui m’intéresse, c’est ce rapport du positif au négatif, cet inversement du cadrage.


À quel usage cette résidence Jogging est-elle destinée ?

Elle est disponible à la location ponctuelle, mais elle accueille également des artistes - le dessinateur Gaël Serre y récemment a passé deux jours. On y organise par ailleurs des dîners et des expositions. Je ne fais jamais les choses pour moi, je veux les partager. Il n’y a rien de spéculatif dans cette opération. Ce qui est important, c’est le rapport au souvenir, l’idée de transmission et les mises en relation que ce lieu va générer.


La mise en relation, les connexions, c’est la signature de Jogging ?

Oui, ce lieu s’inscrit dans la continuité de ce qu’a toujours été Jogging. Je ne force jamais les choses, mais j’ai toujours mis en connexion des gens et des objets. C’est l’essence même de ma vie. Nous venons par exemple d’organiser un événement pour la marque japonaise Suicoke, ce qui fait pleinement sens quand on sait que Charlotte Perriand, qui a dessiné la cuisine et les meubles des cellules de la Cité radieuse, était très influencée par le Japon. En plaçant Jogging ici, au cœur de l’Unité d’habitation, je ne suis pas loin de ce que j’ai été et de ce que je veux être.

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