“Chez Michel, n’est pas un restaurant à la mode, c’est une affaire familiale intemporelle”. Voilà en quelques mots, toute l’histoire résumée de cette table mythique de la plage des Catalans. Si Paul Visciano est réputé peu disert, l’homme n’en cache pas moins un sens très poussé de l’accueil et du respect. Pour rendre hommage à sa famille qu’il aime tant, il teinte son discours de pudeur ou de timidité ; il évoque le grand-père, né en 1902 à Marseille, qui, en 1946, a fondé le restaurant, son père, dont le souffle et l’âme sont “toujours là”. A la carte de Chez Michel : la bouillabaisse, la bourride, du poisson grillé. Le meilleur qu’on puisse espérer. “Depuis 1947, on travaille avec le même mareyeur et toujours les trois mêmes pêcheurs”. La bouillabaisse, encore et toujours présentée dans un service mêlant argenterie et porcelaine, demeure le secret des femmes de la famille. Cette même recette que faisait la grand-mère du petit Paul pour qui, en dépit d’une indéfectible rigueur, n’est jamais la même que celle servie la veille. “Le dire fait rire et le faire fait taire” lance Paul Visciano en servant d’abord le bouillon, ensuite les poissons. “La famille, ce sont les miens, je ne vis qu’avec eux et je n’ai jamais voulu autre chose que de rester dans ce restaurant” dit le capitaine qui, lorsqu’il avait 14 ans et boudait ostensiblement l’école, savait déjà que sa vie se déroulerait ici, devant la langue de sable dite des Catalans. Tous les jours, sauf les vendredis, samedis et dimanches, jours sacrés dévolus aux petits-enfants, Paul Visciano est là veillant à ce que rien ne change, sphinx gardien d’un temple de mémoire et de tradition. Homme de cœur et de transmission, il a aussi, pendant 30 ans, animé le club de foot d’Endoume : - J’ai fait la formation des minots bien sûr !“ s’agace-t-il en souriant. Allez, assez parlé, la bouillabaisse attend.

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